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La théorie de “l’intervalle de temps”
Une thèse avec des lacunes?

par 
traduit par Raymond et Noëlle Stutz

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.” (Genèse 1:1). “La terre était informe et vide; il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.” (Genèse 1:2).

Beaucoup de gens pensent qu’il y a un grand intervalle de temps entre Genèse 1:1 et Genèse 1:2. La plupart d’entre eux le croient parce qu’ils veulent faire coïncider le système des ères géologiques s’étendant sur des millions d’années de prétendue histoire terrestre avec le récit de la création dans la Genèse. Cette idée ressemble à peu près à ceci : Il y a des milliards d’années, Dieu a créé l’univers spatiotemporel. Puis les ères géologiques se seraient déroulées sur des milliards d’années d’histoire terrestre. Les différentes formes de vie qui sont maintenant préservées dans les fossiles se seraient développées à cette époque-là. Ces formes de vie illustreraient ces ères géologiques : les invertébrés de l’ère cambrienne, les dinosaures du Crétacé… enfin les mammifères, les oiseaux et les “pré-humains” pendant l’ère tertiaire… juste avant l’époque récente.

Puis la thèse continue : À la fin de ces ères géologiques, une grande catastrophe se serait produite sur terre parce que Satan s’est rebellé au ciel et que beaucoup d’anges l’ont suivi dans cette rébellion. Dieu l’a donc précipité sur la terre. Il s’en serait suivi un grand cataclysme sur la terre qui aurait laissé la terre dans un état sans forme et vide et où les ténèbres auraient régné sur la face de l’abîme, comme cela est décrit en Genèse 1:2.

Par la suite, toujours d’après cette idée — habituellement présentée sous le nom de “théorie de l’intervalle de temps ou de la discontinuité” (“gap theory” en anglais) —, Dieu aurait recréé ou reconstitué la terre pendant les six jours littéraux qui sont rapportés au premier chapitre de la Genèse. L’argument soutenant cette théorie fait en sorte que le verset deux se lit ainsi : “La terre devint informe et vide” (certains traduisent : “la terre est devenue perdue et désolée”), comme si auparavant elle avait été belle. Mais maintenant, à cause du cataclysme, ce serait devenu un monde dévasté à cause d’un changement de conditions : la terre serait devenue informe et vide.

“Était” signifie bien “était”

Une difficulté importante avec cette idée est que le mot hébreu traduit par “était” doit vraiment être traduit par “était”, et non par “devint”. C’est le verbe être en hébreu, “hayah”, qui normalement est simplement traduit par “était”. C’est ainsi que le verset est traduit dans toutes les versions habituelles de l’Ancien Testament. Parfois, dans un cas inhabituel, si le contexte le demande, le mot est traduit par “devint”. De tels cas existent dans l’Ancien Testament.

Cependant, dans la vaste majorité des cas, lorsque ce verbe est utilisé, sa traduction est simplement “était”. En l’absence de toute indication dans le contexte immédiat — précisant qu’il devrait être rendu par un changement d’état, ou qu’une chose est devenue quelque chose qu’elle n’était pas précédemment —, on peut avec raison supposer qu’il y a là une déclaration décrivant comment la situation existait à l’époque. En réponse à l’acte créateur de Dieu, la terre était d’abord informe et vide.

Certains utilisent Ésaïe 45:18 comme argument pour justifier l’utilisation de “devint” en Genèse 1:2. Dans ce passage, Ésaïe dit que Dieu n’a pas créé la terre pour être vide. Il l’a formée pour qu’elle soit habitée. Le mot “vide” est le mot “tohu” qui est le même mot que celui traduit par “informe” en Genèse 1:2. Les partisans de la “théorie de l’intervalle de temps” affirment donc que, parce que Dieu n’a pas créé de cette manière, la terre a dû devenir ainsi. Cependant, encore une fois, le contexte est important. Dans Ésaïe, le contexte impose la traduction “vide”, ce qui indique que Dieu n’a pas créé la terre sans un dessein; il l’a créée pour qu’elle soit habitée. Ainsi, Genèse 1 nous dit comment il a donné forme à la terre informe et comment il a commencé à remplir d’habitants la terre vide. Cette oeuvre n’a pas été vraiment achevée jusqu’à ce qu’il l’affirme à la fin des six jours de création.

En fait, le mot “tohu” est traduit de 10 manières différentes dans pas moins de 20 passages de l’Ancien Testament. Ésaïe 45:19 utilise ce mot, et là, il doit être traduit par “en vain” ou par “vide”. Il est également correct de le traduire de cette façon dans Ésaïe 45:18. La façon précise de le traduire dépend du contexte. En Genèse 1:2, le contexte indique simplement que la terre n’avait pas encore de structure. Elle était “informe”; elle n’était pas même sphérique à ce stade, elle était seulement composée des éléments de base de la matière terrestre.

Une séquence

En outre, il est important de noter que le verset commence par la conjonction “et” (en hébreu “waw”), et cette même conjonction est présente au début de chaque verset du premier chapitre de la Genèse; cela signifie qu’il y a une séquence d’actions. Une chose s’est produite, puis une autre, puis une autre, etc., chacune suivant immédiatement la précédente. Quand les Écritures disent que Dieu a créé les cieux et la terre, et que la terre était informe et vide, cela implique un état de fait qui décrit ce qui était immédiatement après la création.

Un autre argument présenté par ceux qui défendent la “théorie de l’intervalle” est que le mot “ténèbres” suggérerait quelque chose qui cloche dans la création. Cependant, Ésaïe 45:7 dit que Dieu a créé l’obscurité! Pour qu’il y ait l’alternance du jour et de la nuit, qui était nécessaire aussi bien à l’activité subséquente de Dieu qu’à l’activité de l’homme sur la terre, il devait y avoir le jour et la nuit. Dieu devait donc créer l’obscurité. Cette obscurité n’a donc rien de mal en soi. C’est ainsi que Dieu l’a créée. Plus tard, dans certains contextes, l’obscurité en est venue à représenter un symbole du mal, par opposition à la lumière, car “Dieu est lumière, et il n’y a point en lui de ténèbres” (1 Jean 1:5). Mais dans le présent contexte, aucune connotation de mal n’est suggérée.

D’autre part, la “théorie de l’intervalle de temps” comporte de nombreuses difficultés insurmontables qui font que nous ne devrions vraiment pas l’accepter comme interprétation de Genèse 1:2. L’idée selon laquelle les ères géologiques auraient pris place entre Genèse 1:1 et Genèse 1:2 est exclue par la déclaration biblique sans équivoque qui se trouve dans les dix commandements, où Dieu dit : “Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu” (Exode 20:11). Autrement dit, Dieu a dit à l’homme qu’il devait travailler six jours et se reposer un jour parce que Dieu lui-même a travaillé six jours puis s’est reposé un jour. Dans le contexte, il est ajouté que tout dans les cieux, sur la terre et dans la mer a été fait en six jours. Il ne restait rien d’autre à faire qui n’a pas été fait en dehors de ces six jours-là.

D’autre part, d’après la “théorie de l’intervalle de temps”, il aurait fallu que seule la surface de la terre soit reconstituée en ces six jours. Le noyau de la terre, la structure de base, les grands lits de fossiles contenant les restes des dinosaures et ainsi de suite, tout cela serait à dater avant les six jours de la création. Mais Dieu dit spécifiquement que tout dans la terre, dans les cieux et dans la mer a été fait en six jours.

La mort avant le péché?

Il y a encore une autre difficulté très grave avec la théorie de l’intervalle de temps, et cette fois d’un point de vue théologique. La Bible dit qu’il n’y avait ni péché ni mort jusqu’à ce que l’homme les ait introduits dans le monde. Selon la “théorie de l’intervalle de temps”, cependant, il y aurait déjà eu des milliards d’années de souffrances et de mort dans le monde, cela étant inscrit dans les fossiles et les roches sédimentaires de la croûte terrestre, censés identifier les ères géologiques. Selon la “théorie de l’intervalle de temps”, à la fin des ères géologiques, Satan a péché et a été précipité sur la terre, puis il y aurait eu un grand cataclysme, de sorte que les ères géologiques avec des milliards d’années de souffrances et de mort auraient eu lieu avant que Satan ait péché et certainement avant que l’homme ait péché.

La Bible, pour sa part, dit expressément que “par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché” (Romains 5:12). Il n’y avait donc pas de mort dans le monde jusqu’à ce que l’homme y fasse entrer le péché. La “théorie de l’intervalle” nécessite des milliards d’années de souffrances dans le monde avant que l’homme ou même Satan n’aient péché. Cela signifie que Dieu lui-même serait directement responsable du péché dans le monde. Dieu ne peut pas être l’auteur du péché. La théorie de l’intervalle de temps est donc théologiquement exclue.

Ce n’est pas scientifique

Scientifiquement, cette théorie ne fonctionne pas non plus, car toute l’essence du système des ères géologiques, que certains essaient d’accueillir avec la “théorie de l’intervalle de temps”, est basée sur ce que les géologues appellent “l’uniformitarisme”. Selon cette idée, il y aurait une continuité entre les processus qui ont existé dans le monde antique et ceux qui se déroulent dans le monde moderne. La base même du système des ères géologiques est fondée sur le présupposé selon lequel les taux et les processus actuels sont les mêmes que ceux qui ont eu lieu dans le passé. Dans le système des ères géologiques, il n’y a pas de place pour un cataclysme mondial interrompant ceux-ci.

Voilà pourquoi aucun géologue ne pourra jamais accepter la “théorie de l’intervalle de temps”. Pour avoir un cataclysme mondial qui aurait détruit toutes les montagnes précataclysmiques et qui les aurait jeté dans la mer, afin qu’il y ait des abysses partout, et qui aurait soufflé des milliards de tonnes de débris dans le ciel, afin qu’il y ait des ténèbres partout, comme Genèse 1:2 le décrit, il aurait fallu une explosion nucléaire ou volcanique à l’échelle mondiale ou quelque chose qui serait littéralement venu désintégrer la croûte terrestre, là où se trouvent les fossiles et les roches sédimentaires qui identifient les ères géologiques. Ainsi, la “théorie de l’intervalle de temps” vient détruire les preuves mêmes des ères géologiques pour pouvoir les adopter! C’est une théorie qui se détruit elle-même scientifiquement; elle crée des problèmes scientifiques insurmontables. Aucun géologue ne pourra jamais accepter la “théorie de l’intervalle de temps”.

Il nous faut par conséquent rejeter la “théorie de l’intervalle de temps” comme interprétation de Genèse 1:2. Nous pouvons être sûrs qu’une interprétation simple, directe et littérale du récit biblique satisfera tous les faits réels de la géologie.