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Le train de l’évolution s’en vient

(ou plutôt s’en va… dans la mauvaise direction)

Plus on examine de près le tableau d’ensemble de l’évolution de “la matière informe à l’homme”, plus on le voit s’effondrer…

par  
traduit par Paulin et Claire Bédard (Ressources chrétiennes)

Photo stock.xchngtrain a-comin

Le foyer du théâtre où allait se dérouler la conférence était bondé. Il y régnait une ambiance de curiosité impatiente. Nous étions à la fin des années 1970, période enivrante des débuts du mouvement créationniste dans le sud de l’Australie. J’étais sur le point de participer à un débat création/évolution devant une quarantaine de professeurs de sciences, parmi lesquels se trouvait un évolutionniste de grande réputation dans le monde universitaire. Ce débat était une première dans la région.

Lorsque les paroles d’une conversation animée sont parvenues à mes oreilles, je me suis rendu compte que celui qui serait très bientôt mon adversaire n’était qu’à quelques mètres à ma gauche. Maître de conférences (Associate Professor selon la terminologie américaine ou Professeur agrégé selon la terminologie canadienne française) en biologie des populations, il discourait devant un petit groupe de partisans, de toute évidence inconscient que son antagoniste créationniste était à portée de voix.

Je l’ai entendu dire: “C’est vraiment frustrant. Je me sens comme un astronaute qui revient de la lune, qui a vu la terre sphérique et qui est maintenant censé débattre avec quelqu’un qui essaie de dire aux gens qu’elle est plate. Dans mon travail, nous voyons l’évolution se produire devant nos yeux.”

À cette époque, les arguments créationnistes étant encore peu connus, il est compréhensible qu’il ait pu penser ainsi. Les professeurs de biologie d’alors étaient peut-être excusables de perpétuer une croyance aussi naïve. Ils présumaient simplement que les changements génétiques qui pouvaient facilement être observés chez plusieurs types de populations vivantes démontraient de manière évidente que l’évolution d’êtres microscopiques jusqu’à l’homme était un fait. Il n’y avait qu’à allouer suffisamment de temps et, voilà, ces microchangements s’accumuleraient, sans cesse filtrés et guidés par la sélection naturelle. Il semblait évident et logique de s’attendre à ce que ces “petits pas” continuent à s’accumuler, conduisant éventuellement aux “macrochangements” — ces sauts vraiment grands: de la grenouille au prince, du poisson au philosophe et autres exemples du même genre. (Nous montrerons cependant plus loin dans cet article que c’est le contraire qui est vrai).

Dans ce contexte, la frustration perplexe de ce conférencier en biologie est très compréhensible, puisqu’il pensait que les petits changements dont il était témoin deviendraient au fil du temps de grands changements. Nous devons comprendre que la plupart des évolutionnistes, même aujourd’hui, pensent encore ainsi. À vrai dire, c’est la raison pour laquelle la plupart des gens qui croient à la Bible répondent habituellement de manière inadéquate lorsque confrontés à des demandes d’explications concernant les changements biologiques.

Un antagoniste pourrait, par exemple, demander: “Les moustiques ont développé une résistance au DDT en à peine 40 ans. Si cela n’est pas de l’évolution se déroulant juste sous nos yeux, comment appelez-vous cela?” La plupart des réponses que donnent les chrétiens se concentrent sur la quantité de changements. Ils diront, par exemple: “Eh bien, ce n’est que de la variation à l’intérieur d’un genre.” Ou bien ils répliqueront: “Oui, mais le moustique demeure toujours un moustique, n’est-ce pas? Il ne s’est pas transformé en quelque chose d’autre.”

Ces deux réponses sont vraies. Cependant, elles sont inadéquates et elles n’impressionnent que rarement l’adversaire, qui pense en lui-même: “Eh bien, ce n’est qu’une dérobade de la part des chrétiens. L’évolution se déroule sur des millions d’années et tous les changements que nous voyons dans cet exemple sont apparus en à peine 40 ans. Imaginez alors l’ampleur des changements qui peuvent survenir en un million d’années!”

L’analogie que j’utilise depuis de nombreuses années dans mes discours publics pour expliquer ces choses est celle d’un train. Imaginez que vous voyez un train sortir de la gare, disons de Miami, en Floride, en direction nord vers Chicago.1 Vous voyez le train parcourir seulement quelques centaines de mètres, mais il est raisonnable de présumer qu’après suffisamment de temps, il arrivera à Chicago. Les faits dont vous avez été témoin sont suffisamment solides pour vous permettre de croire que le train est capable, en principe, de faire tout le voyage. Vous n’avez pas besoin de le voir accomplir le voyage en entier. C’est de cette manière que les évolutionnistes considèrent les petits changements, souvent désignés par le terme “microévolution”, qui se produisent tout autour de nous (mais voir l’encadré à cet effet). Si un moustique a pu changer un peu en 40 ans, vous n’avez pas besoin de le voir se transformer en éléphant — les changements qu’il a subis démontrent qu’en principe il est capable d’entreprendre un “voyage” aussi radical.

Lorsque je m’adresse à l’auditoire, j’explique que ce dont nous devons être conscients et ce sur quoi nous devrions concentrer nos réponses n’est pas la quantité de changements, mais le type de changements et la direction de ces changements. Le problème n’est pas simplement que le train n’est pas allé assez loin, mais qu’il se dirige dans la mauvaise direction. Bien que les types de changements que nous observons aujourd’hui puissent être insérés dans un cadre évolutionniste, ils sont précisément et manifestement, comme nous le verrons, à l’opposé des changements qui seraient requis pour que le système de croyances des évolutionnistes ait un semblant de crédibilité.

Par conséquent, bien que vous puissiez être témoin du train sortant de la gare, à Miami, si en réalité il ne se dirige pas vers le nord, en direction de Chicago, mais plutôt dans la direction opposée, vers le sud, là où la voie ferrée (si elle existait) aboutirait dans les profondeurs de l’océan, alors jamais il n’arrivera à Chicago. Le temps ne réglera pas le problème puisqu’en principe il est impossible de se rendre en train à Chicago en prenant cette direction qui descend vers le sud. De même, une fois que nous pouvons démontrer aux gens que le “train de l’évolution” (en réalité, le train des changements biologiques) se dirige vers le bas et non vers le haut, alors plus le temps s’écoule, moins le scénario global de l’évolution devient probable.

Avant d’expliquer ce que je veux dire par l’affirmation que les changements biologiques ont une “direction”, j’aimerais expliquer ce qui a suscité la rédaction de cet article. C’est un compte-rendu de livre2 dans lequel le Dr Jerry Coyne, un biologiste évolutionniste bien connu de l’Université de Chicago, ne rate pas l’occasion de fustiger les créationnistes.3 Étonnamment, Coyne utilise lui-même l’analogie du voyage en train, renforçant ainsi ce que j’essaie de démontrer quant à la façon dont les évolutionnistes considèrent cette question. Bien que son intention soit de se moquer des créationnistes, il fournit involontairement une excellente occasion de montrer à quel point cette façon bien répandue de raisonner est inappropriée.

Le livre dont il fait le compte-rendu4 utilise des exemples de changements biologiques rapides provoqués par les humains (la résistance aux antibiotiques chez les bactéries, la résistance aux pesticides chez les insectes, les changements du rythme de croissance des poissons à la suite de la surpêche) afin d’amener les gens à “accepter” le concept plus large de l’évolution des microbes jusqu’à l’homme.

Coyne déplore le fait que les exemples mentionnés dans le livre n’amèneront probablement pas les tenants du créationnisme à changer d’avis, puisqu’ils acceptent déjà de tels changements comme des “adaptations à l’intérieur d’une espèce” (“variations à l’intérieur d’un genre” aurait été plus précis). Il affirme que les créationnistes ont pour argument que “des changements aussi petits ne peuvent expliquer l’évolution de nouveaux groupes de plantes ou d’animaux” et poursuit en disant: “Cet argument n’a aucun bon sens. Quand nous regardons Grand-Maman prendre le train pour Miami après être venue nous visiter pour le temps de Noël [vraisemblablement, sa famille doit demeurer à Chicago — CW], nous présumons que le reste de son voyage sera une extrapolation de ces premières centaines de mètres.” Ainsi, dit Coyne, “un créationniste qui n’est pas prêt à faire l’extrapolation de la microévolution à la macroévolution” est “irrationnel”.

La raison vs la rhétorique

Comment peut-on affirmer avec assurance que le train s’en va dans la mauvaise direction lorsqu’il est question des changements biologiques que l’on observe aujourd’hui (qu’ils soient provoqués par l’homme ou qu’ils apparaissent de quelque autre manière)? Pourquoi l’exemple du train de Grand-Maman, utilisé par les évolutionnistes comme argument en faveur de l’extrapolation, peut-il être utilisé pour démontrer le contraire? Parce que le fond de la question, en ce qui a trait aux changements biologiques, consiste en ce qui se passe au niveau de l’ADN; c’est une question d’information.5 L’information codée dans l’ADN, la molécule de l’hérédité, est comme une recette, une série d’instructions pour fabriquer certains items.

Les évolutionnistes enseignent que des organismes unicellulaires6 (par exemple, les protozoaires) ont éventuellement engendré des pélicans, des pommes, des personnes et des poneys. Dans chacun de ces cas, la “recette” d’ADN a dû subir un accroissement majeur d’informations au cours des présumés millions d’années. Un organisme unicellulaire ne possède pas les instructions nécessaires à la fabrication des yeux, des oreilles, du sang, de la peau, des sabots, du cerveau, etc., dont le poney a besoin. Donc, pour que des protozoaires aient conduit éventuellement à l’existence des poneys, il faudrait qu’un mécanisme quelconque ait engendré ces nouvelles informations.

Les évolutionnistes acclament la sélection naturelle comme s’il s’agissait d’une déesse créatrice, mais la réalité (qu’ils sont toujours prêts à concéder lorsqu’on les y pousse), c’est que la sélection en elle-même se débarrasse toujours d’un certain nombre d’informations, jamais le contraire.7 Pour pouvoir ajouter de nouvelles informations, la seule “façon” pour les véritables adeptes de l’évolution consiste en erreurs de copie ou en accidents génétiques, c’est-à-dire des mutations dues au hasard (qui peuvent ensuite être “filtrées” au moyen de la sélection).8 Le problème est toutefois le suivant: si des mutations pouvaient ajouter l’information requise, nous devrions observer des centaines d’exemples autour de nous, compte tenu que des milliers de mutations se produisent continuellement. Mais chaque fois que nous examinons des mutations, nous constatons invariablement des pertes d’information ou une dégradation de celle-ci. Il en est ainsi même dans les rares cas où le défaut induit par la mutation procure un avantage au niveau de la survie — par exemple, la perte des ailes chez les coléoptères vivant sur des îles où il vente beaucoup.9

Qu’englobent les mots? Micro vs macro

Plusieurs créationnistes disent: “Nous acceptons la microévolution, mais pas la macroévolution.” Comme le souligne notre article principal, de toute façon, les “micro” changements (c’est-à-dire les variations génétiques observées) sont incapables de s’accumuler pour former des “macro” changements.

Nous pensons, cependant, qu’il serait plus sage d’éviter d’utiliser le terme “microévolution”. Pour la plupart des gens, ça donne l’impression que vous êtes prêt à concéder qu’il y a “un petit peu d’évolution” qui se déroule, c’est-à-dire un petit peu du processus qui, si on alloue suffisamment de temps, permet aux microbes de se transformer en mille-pattes, en magnolias et en microbiologistes. Vous serez perçu comme désobligeant ou, comme dans l’exemple inversé du “train” du Dr Coyne, comme une personne irrationnelle faisant ce que les évolutionnistes estiment être une distinction arbitraire entre le “micro” et le “macro”.

Si l’utilisation d’une telle terminologie pouvant potentiellement induire en erreur ne peut être évitée, profitez toujours de l’occasion pour souligner que les changements souvent qualifiés de “microévolutions” ne peuvent correspondre au même processus que celui qui sous-tend la croyance en une transformation hypothétique de “la matière informe à l’homme”. Ce sont tous des processus qui entraînent la perte d’information, présupposant donc la présence d’une réserve d’information au départ.

À mesure que les créatures se diversifient, leur bagage héréditaire devient de plus en plus réduit. Plus les organismes s’adaptent à leur environnement par la sélection, c’est-à-dire plus ils deviennent spécialisés, plus la fraction de l’information créée pour leur genre dont ils disposaient à l’origine diminue. Il reste alors moins d’information disponible sur laquelle la sélection naturelle pourrait agir dans le futur pour permettre une nouvelle adaptation de cette population dans l’éventualité où les circonstances viendraient à changer. Des populations moins flexibles, moins capables de s’adapter, se dirigent de toute évidence vers l’extinction; elles ne sont pas en train d’évoluer.

Nous voyons que, tout comme pour le train sortant de la gare de Miami pour se diriger vers le sud, si nous extrapolons dans le temps les sortes de changements que nous voyons aujourd’hui, ces changements conduisent à l’extinction et non pas à une évolution vers le haut.

Rappelez-vous que les croyances de l’évolution enseignent qu’il fut un temps où existaient des êtres vivants, mais sans poumons — ceux-ci n’avaient pas encore évolué, il n’y avait donc pas d’information codée dans l’ADN pour fabriquer des poumons. Il fallait que d’une quelconque façon un programme soit écrit. De nouvelles informations devaient apparaître qui n’existaient pas précédemment, nulle part.

Plus tard, il y eut des poumons, mais aucune plume, nulle part dans le monde, donc aucune information génétique pour les plumes. Les observations dans le monde réel qui nous entoure ont démontré de manière écrasante que les mutations sont tout à fait incapables d’introduire dans le système les nouvelles informations requises.10 En fait, dans l’ensemble, les mutations ont accéléré la tendance vers le bas, à cause de mutations nuisibles qui viennent encombrer le bagage génétique et qui se sont accumulées en nous par centaines au fil des générations, dans la lignée de nos ancêtres.11

En d’autres mots, les populations peuvent changer et s’adapter parce qu’elles ont beaucoup d’information (de la variété) dans leur “recette” d’ADN. Cependant, à moins que les mutations puissent introduire de nouvelles informations, l’information totale diminue chaque fois qu’il y a variation/adaptation (lorsque par la sélection la partie inadaptée de la population disparaît, une partie de l’information de cette population se perd). C’est ainsi qu’à partir d’une certaine quantité fixe d’information, plus nous observons d’adaptations, moins il y a de potentiel pour de futures adaptations. Le train se dirige indéniablement vers le bas, destiné à tomber en bas de la jetée de l’extinction.

L’ironie suprême, c’est qu’aucun des exemples prônés par le Dr Coyne, qu’il s’agisse de la résistance aux antibiotiques12 ou des changements dans le rythme de croissance des poissons, ne vient appuyer son analogie du “train”; ils ont plutôt l’effet inverse. Aucun de ces exemples n’implique un gain d’information; au contraire, ils démontrent tous une perte nette d’information. Lorsque je réfléchis à tout cela, je ressens le même genre de frustration (dans le sens inverse, cependant) que mon adversaire évolutionniste décrivait il y a tant d’années et qu’il aurait pu paraphraser ainsi: “Pourquoi ne le voient-ils pas? C’est évident, non?”

Qui sait? Cet article aboutira peut-être un jour dans les mains du Dr Coyne. La prochaine fois que lui ou quelque autre apologiste évolutionniste feront monter une de leurs grands-mères dans un train, peut-être y trouveront-ils matière à réflexion.

Références et notes

  1. Évidemment, j’utilise normalement des villes australiennes dans mes exemples, mais ces villes sont mieux connues des lecteurs de toutes les parties du monde et elles s’agencent bien avec les commentaires de l’évolutionniste Coyne, un peu plus loin dans l’article. Retour au texte
  2. Nature 412(6847):586–587, 9 août 2001. Retour au texte
  3. Le Dr Coyne était cité dans notre article au sujet de la fraude de la phalène du bouleau (Creation 21(3):56, 1999). Il disait que découvrir que ce “grand champion dans notre écurie [des évolutionnistes]” devait être rejeté avait provoqué en lui les mêmes sentiments que lorsqu’il a découvert que le Père Noël n’existait pas. Retour au texte
  4. Palumbi, S.R., The Evolution Explosion: How Humans Cause Rapid Evolutionary Change, W.W. Norton, New York, 2001. Retour au texte
  5. La complexité spécifiée est une autre façon de référer à la sorte d’information contenue dans un texte écrit ou dans l’ADN. Voir Thaxton, C.B., Bradley, W.L. and Olsen, R.L., The Mystery of Life’s Origin, chap. 8, Lewis and Stanley, Dallas, Texas, 1984. Retour au texte
  6. Même les formes de vie les plus simples que nous connaissons ont des quantités énormes d’information, pouvant équivaloir à plus d’un demi-million de “lettres”. Retour au texte
  7. Wieland, C., Muddy waters, Creation 23(3):26–29, 2001. Retour au texte
  8. L’hybridation consiste simplement à mélanger deux séries d’informations préexistantes et la duplication de chromosome (par exemple, la polyploïdie) ne crée pas de nouvelle information. Retour au texte
  9. Wieland, C., Beetle bloopers, Creation 19(3):30, 1997. Retour au texte
  10. Spetner, L.M., Not by chance!, The Judaica Press Inc., New York, 1997. Retour au texte
  11. Plusieurs de ces mutations ne sont nuisibles que si nous héritons de la même de nos deux parents. C’est la raison pour laquelle, de nos jours, les mariages consanguins peuvent entraîner des difformités chez la progéniture, puisque la possibilité d’hériter de la même erreur de chaque parent est plus élevée que si une personne se marie avec quelqu’un de parenté plus éloignée (nous sommes tous parents à divers degrés), dont les erreurs sont différentes. Mais plus nous reculons dans l’histoire, moins de telles erreurs avaient eu le temps de s’accumuler, pointant ainsi vers un temps où les mariages consanguins ne devaient pas causer de tels problèmes (Batten, D. Ed., The Creation Answers Book, Brisbane, Australia, ‘Cain’s wife—who was she?’, chap. 8, 1999). Retour au texte
  12. Wieland, C., Superbugs—not super after all, Creation 20(1):10–13, 1997. Retour au texte