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Le bleu égyptien

La science des anciens et leur couleur “éternelle”

par Patrick Clarke
traduit par Patrick Clarke et Frédéric Pinardon

An ancient Egyptian painting

Parmi les précieuses possessions de mon enfance, il y avait une boîte d’aquarelles. Le nom de chaque couleur était imprimé en dessous, pas de simples “bleu”, “blanc” ou “rouge”, mais des noms plus nobles qui faisaient allusion à des lieux lointains tels que le bleu de Prusse, le blanc de Chine et la terre de Sienne. Je savais par ma collection de timbres que Sienne était en Italie, mais je ne sus jamais par qui, ni pourquoi, Sienne fut brûlée.

Une seule couleur, cependant, n’aurait jamais pu trouver sa place dans ma boîte de peinture; c’était cette magnifique couleur appelée “bleu égyptien”. J’ai découvert cette couleur en 1958, alors que je lisais un livre sur l’Égypte ancienne. Je me suis souvent demandé comment ce peuple antique avait pu fabriquer une couleur aussi belle et intense, une couleur qui, contrairement aux autres, n’avait pas perdu son éclat, même sous le soleil égyptien.

La couleur était importante pour les Égyptiens, dans tous les aspects de leur vie, depuis le religieux et le magique jusqu’à la décoration des tombes, des temples, des maisons aisées, de la céramique et de la verrerie. La couleur bleue des bijoux égyptiens venait du très cher lapis-lazuli.1 Les artistes égyptiens voulaient un pigment qui reproduisait la beauté de cette pierre précieuse et la production du bleu égyptien convenait parfaitement.

Seul un scientifique moderne et compétent a su analyser et recréer le bleu égyptien, alors que les historiens profanes insistent de façon répétée pour dire que les Égyptiens y sont arrivés par une simple succession d’essais et d’erreurs.

Le bleu égyptien, connu sous le nom de tétrasilicate de calcium cuivre (CaCuSi4O10 ou CaO·CuO·4SiO2) était très différent du lapis-lazuli. Cette couleur est apparue en Égypte peu de temps après la dispersion de Babel, il y a 4200 ans.2 Il est considéré comme le premier exemple de fabrication de pigments synthétiques. La production de cette couleur n’était pas le résultat d’un mélange aléatoire. Divers ingrédients, y compris les composés de cuivre, étaient mélangés en quantités assez précises, et moulées à la main en petits morceaux en forme de tablette (voir l’encadré ci-dessous). Le mélange était ensuite exposé à une chaleur constante d’environ 900° C, sans interruption pendant plusieurs heures. La quantité d’ammoniaque dans le mélange modifiait considérablement la consistance du pigment. Le résultat final est un composé microcristallin bleu, dont les cristaux mesurent seulement 15 microns de longueur (le diamètre d’un fil de cocon du ver à soie), qui était broyé en une poudre fine avant utilisation. Cette poudre était ensuite ajoutée à une émulsion d’accrochage adaptée à son application sur les surfaces désirées. La réaction chimique est précise, fournissant chaque fois des résultats précis (voir l’encadré ci-dessous).

iStockphoto A lump of Lapis lazuli
Lapis-lazuli: une pierre précieuse de l’ancienne Égypte. Pour imiter cette intense couleur bleue, les artisans égyptiens utilisèrent la chimie de synthèse.

Cette belle couleur a d’abord été utilisée par les Égyptiens, puis les Grecs, et plus tard par les Romains (qui l’appelaient “caeruleum”). Malheureusement, au cours du 9e siècle après J.-C., la manière de fabriquer ce pigment fut perdue. C’est grâce à la découverte d’un pot contenant cette couleur, trouvé dans les ruines de Pompéi au 19e siècle, qu’on est aujourd’hui en mesure de recréer ce fantôme du passé.

C’est le géologue français Ferdinand Fouqué André (1828–1904)3 qui résolut le mystère. Seul un scientifique moderne et compétent a su analyser et recréer le bleu égyptien, alors que les historiens profanes affirment de façon répétée que les Égyptiens y sont arrivés par une simple succession d’essais et d’erreurs.

La production du bleu égyptien pendant la période pharaonique nécessitait de nombreuses techniques différentes qui ont dû être disponibles simultanément pour que le pigment arrive jusqu’aux palettes des artistes égyptiens. Certaines de ces techniques sont l’exploitation minière et le raffinage des minerais, la logistique, le stockage et l’approvisionnement, ainsi que de grandes connaissances en chimie pratique. Tous ces processus étaient déjà en place il y a 4000 ans.

Bien que personne ne suggère que les Égyptiens possédaient la même compréhension théorique ou un système de classification chimique moderne, ce mode de production requérait un cadre intellectuel et une logique basée sur l’expérimentation, un sens de l’observation aiguisé et un enregistrement méticuleux des résultats.

Dieu a créé les êtres humains créatifs et intelligents depuis le commencement, ainsi personne ne devrait s’étonner de retrouver cette intelligence créative à travers les pages de l’histoire de l’humanité. Le bleu égyptien n’est qu’un exemple parmi d’autres montrant que les anciens Égyptiens possédaient un niveau considérable de savoir-faire technique depuis le début de leur civilisation.

Ceci est en accord avec Genèse 4:20–22, où peu de temps après la semaine de la création, l’humanité démontrait déjà de nombreuses compétences techniques; par exemple, l’élevage, la métallurgie et la musique.4 Après le déluge, et suite à la dispersion de Babel, divers descendants de la famille de Noé emmenèrent ces compétences, et d’autres, avec eux, et se répandirent à travers le monde. Certains groupes auraient possédé plus de “savoir-faire” du monde antédiluvien que d’autres. Ceci explique pourquoi certaines civilisations comme l’Égypte sont apparues comme du jour au lendemain, tandis que d’autres groupes — mais non moins intelligents — furent limités par un niveau moindre de technologie.

La compétence technique requise pour fabriquer le pigment bleu égyptien n’offre aucune consolation à ceux qui continuent de croire que l’humanité a progressivement développé l’intelligence nécessaire pour produire ces compétences à travers les processus non orientés et sans but de l’évolution. Les anciens Égyptiens ne manquaient pas de compétences dans les autres domaines techniques, comme peuvent en témoigner leurs pyramides, leur littérature, leur métallurgie et leur médecine. Leur célèbre pigment bleu demeure un témoignage éloquent du récit de la création de la Genèse, pendant lequel les gens furent créés hautement intelligents, dès le début de l’histoire de ce monde.

Remerciements

Frédéric Pinardon.

La chimie utilisée par les anciens Égyptiens

L’analyse des échantillons de bleu égyptien* indique les proportions en poids suivantes:

60–70% de silice, 7–15% d’oxyde de calcium; 10–20% d’oxyde de cuivre

Toutefois, il était fabriqué en chauffant ensemble un composé de cuivre tel que la malachite (Cu2CO3(OH)2), de la chaux (CaCO3) et du sable de quartz (SiO2) dans les bonnes proportions (de sorte que de la silice reste en surplus à la fin de la réaction pour le rendre dur et vitreux).

Cu2CO3(OH)2 + 8SiO2 + 2CaCO3 → 2CaCuSi4O10 + H2O + 3CO2

*Tite. M.S., Bimson, M. & Cowell, M.R. (1987). The technology of Egyptian blue. In M. Bimson & I.C. Freestone. Early Vitreous materials. British Museum occasional paper 56.

Références et notes

  1. Cette couleur bleue intense est un produit du trisulphide radical (thiozonide) ion S3. Retour au texte.
  2. La dispersion de Babel s’est déroulée à l’époque de Péleg (Genèse 10:25), Voir Pierce, L., In the days of Peleg, Creation 22(1):46–49, 1999; creation.com/peleg; voir aussi creation.com/peleg2. Misraïm (Mitsrayim) était un fils de Cham (Genèse 10:6), et l’ancêtre des Égyptiens, qui, même encore maintenant, appellent leur pays Misr. Retour au texte.
  3. Ses publications les plus importantes étaient: Santorin et ses éruptions, 1879; Minéralogie micrographique, Roches éruptives françaises (2 vol., 1879); et Synthèse des minéraux et des roches (1885). Retour au texte.
  4. Mais pas la science “moderne”, qui nécessitait d’avoir une vision chrétienne du monde; voir Sarfati, J., Computers on the Ark? Creation 33(2):40–41, 2011; creation.com/ark-tech. Retour au texte.

Helpful Resources