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Les poissons lents en Chine

Un fossile découvert en Chine confirme aujourd’hui que les poissons sont apparus de manière soudaine dans le registre fossile en même temps que les autres espèces d’animaux.

par
traduit par Timothy Smith

Photographie : U.S. Geological Survey305-sea-lamprey
Cette truite des lacs a abrité ces deux lamproies, vues ici attachées au flanc du poisson. Une lamproie fossile découverte en Chine est semblable à la larve de celles qui sont encore vivantes aujourd’hui, preuve qu’aucune évolution n’est intervenue.

Un jour, l’un de mes amis a tenté d’utiliser les couches fossilifères pour réfuter la théorie de l’évolution. Il pensait que s’il pouvait trouver ne serait-ce qu’un seul fossile qui ne soit pas à sa place, cela bouleverserait la totalité de la colonne géologique et, par conséquent, la théorie de l’évolution. Grande a été sa déconvenue quand il a découvert qu’il n’avait pu en trouver un seul.

Toutefois, je ne pense pas qu’il ait compris comment les découvertes de fossiles sont utilisées par les scientifiques évolutionnistes, ni dans quel ordre les couches fossilifères sont apparues lors du déluge survenu du temps de Noé.

En réalité, on découvre à tout moment des fossiles à de nouveaux emplacements,1 mais ces découvertes n’amènent pas pour autant les évolutionnistes à remettre en cause l’évolution. La raison en est que la plupart des scientifiques ont décrété d’emblée que l’évolution sur des millions d’années est un « fait accompli ». Les évolutionnistes font cette présupposition (quelque chose que l’on suppose être vrai dès le départ) parce que la seule alternative est la création. Ainsi, quand on considère une nouvelle preuve fossilifère, l’idée que l’évolution puisse être erronée n’est jamais envisagée.

Prenons l’exemple des vertébrés. Pendant longtemps, ils représentaient la seule classe d’animaux dont les fossiles n’avaient pas été retrouvés dans les roches du Cambrien.2 Toutes les autres espèces multicellulaires, dont les trilobites et les mollusques, étaient présentes en abondance à la base du Cambrien (dont les évolutionnistes disent qu’il date de 545 millions d’années3).

Les poissons furent les « premiers » vertébrés que l’on ait découverts, et on les trouvait seulement dans des couches bien plus hautes – dans le Silurien supérieur,4 que les évolutionnistes datent à environ 420 millions d’années. Les scientifiques ont identifié plusieurs variétés de poissons, comme les requins et les agnathes (poissons sans mâchoires).5,6 La lamproie marine et la myxine, par exemple, sont des agnathes anguilliformes qui vivent aujourd’hui dans les océans. Les lamproies sont des espèces semi-parasites qui se fixent à d’autres poissons au moyen de leur bouche.

Ainsi, les poissons sont apparus dans des roches bien plus « tardives » que beaucoup d’autres animaux, et ceci semblait éminemment logique aux évolutionnistes. Ils présumaient qu’il fallait beaucoup plus de temps pour que le hasard et la sélection naturelle arrivent à produire des animaux vertébrés par rapport à des animaux plus simples, comme les mollusques ou les trilobites.6 Un laps de temps supplémentaire de 125 millions d’années leur semblait plus que suffisant.

Cependant, dans les années 1950, on a trouvé des fossiles de poissons au Colorado, aux États-Unis, dans des roches du moyen Ordovicien (qui se trouve entre le Cambrien et le Silurien).7 Plus tard, on a rapporté des observations similaires en Australie,7 datées à environ 470 millions d’années. Mais même si les premiers poissons étaient désormais apparus quelque 50 millions d’années plus tôt, cela laissait encore bien suffisamment de temps – pensaient-ils – pour que l’évolution ait pu apporter ce changement. Les nouvelles découvertes affectaient uniquement ce que l’on pensait du moment et de la façon dont l’évolution avait pu produire les poissons, mais pas si les poissons avaient évolué ou non (souvenez-vous : l’évolution est un « fait »).

Avant la fin des années 1990, on a retrouvé des poissons dans des roches bien plus « anciennes », de l’époque du bas Ordovicien (supposées dater d’environ 490 millions d’années). On a même rapporté des fossiles de poissons dans des roches encore plus anciennes, mais ce n’étaient que des fragments ressemblant à des os8 ou à des écailles,9 rapports qui furent contestés.

Cependant, en 1999, une équipe de neuf scientifiques a rapporté la découverte de fossiles bien conservés de deux genres différents de poissons agnathes en provenance de Chine, trouvés dans des strates du Cambrien inférieur.10,11 Ces fossiles ont été décrits comme « les plus convaincants jamais retrouvés parmi les vertébrés du Cambrien inférieur ».11 Pour la pensée évolutionniste, cette découverte permet d’étendre la période de temps des fossiles de poissons jusqu’à 20, et peut-être même 50 millions d’années de plus qu’auparavant. Désormais, on avait retrouvé des vertébrés à la base du Cambrien, avec les autres animaux multicellulaires.

Le premier point que l’on peut tirer de cette séquence d’événements, c’est que, en termes scientifiques, il n’y a pas de notion de fossile qui ne serait « pas à sa place ». Les fossiles sont là où on les trouve – il n’y a pas d’emplacement correct ou incorrect. Un scientifique peut avoir de la difficulté à expliquer certains fossiles à partir de sa conception de l’évolution, et donc il se peut qu’il ait de la difficulté à valider l’authenticité de ces fossiles. C’est peut-être la raison pour laquelle on a pu débattre au sujet des premières découvertes de fossiles de fragments de poissons. Mais une fois établi de manière certaine l’emplacement d’un fossile, la question devient la suivante pour le scientifique évolutionniste : « Qu’est-ce que cela signifie quant à la manière dont l’évolution s’est produite? »

La deuxième leçon à tirer est que la croyance dans l’évolution n’est pas remise en cause par les découvertes de fossiles. Dans le cas des fossiles trouvés en Chine, on a même laissé entendre que la découverte avait été anticipée depuis longtemps.11 Les évolutionnistes ne remettent pas en cause l’évolution parce qu’ils la considèrent déjà comme un fait accompli. Chaque nouveau fossile découvert les pousse simplement à changer leur histoire. Les fossiles mis au jour sont automatiquement intégrés dans le schéma évolutionniste global alors que les scientifiques évolutionnistes s’emploient à développer des modèles qui permettent d’expliquer ces données.

Photographie par Tas Walker305-fish

Les scientifiques qui croient en la Bible ont aussi des présupposés. Mais ceux-ci sont entièrement différents de ceux des évolutionnistes. Naturellement, nous avons exactement les mêmes preuves fossiles, mais comme nous avons un point de départ différent, nous avons des explications différentes. Ce n’est pas une question de manipulation des données, mais d’utilisation de modèles scientifiques différents pour expliquer ces données.

Concernant les poissons fossiles, la réponse est aisée parce que nous nous attendons à trouver des fossiles enterrés sur toute la terre en raison du déluge de Noé. Nous n’avons pas besoin de millions d’années pour expliquer l’évolution des différentes espèces de plantes et d’animaux. Ils étaient déjà tous vivants sur la terre quand le déluge a commencé. Les fossiles rendent simplement compte de l’ordre dans lequel les plantes et les animaux ont été enterrés il y a environ 4 500 ans, pendant le déluge qui a duré une année, décrit dans les chapitres 6 à 8 de la Genèse.

Il n’est pas difficile de comprendre que le déluge global ait abouti à un ordre précis pour les fossiles. En premier lieu, les sédiments ont dû se déposer dans les océans, enterrant les animaux marins. Les organismes qui se meuvent lentement, comme les trilobites, ont dû être enterrés d’abord, alors que les poissons ont pu échapper plus facilement aux avalanches sous-marines. Notons que les fossiles de Chine montrent clairement un ensevelissement brutal de ces poissons par des précipitations sous-marines de sédiments, exactement comme on pouvait s’y attendre dans un déluge mondial. La gorge d’un poisson était pleine de sédiments, ce qui montre qu’il a été enterré vivant.12

Les scientifiques qui ont trouvé les poissons en Chine ont proposé exactement la même explication. Ils suggèrent que les poissons sont très rares dans les roches du Cambrien et de l’Ordovicien parce que les poissons sont des nageurs énergiques qui pouvaient généralement échapper aux avalanches sous-marines.12 Il est intéressant de noter que l’un des fossiles ressemble à une jeune lamproie,11 sorte de poisson qui parasite d’autres poissons. Cela signifie que, bien que l’on n’ait pas retrouvé de fossiles d’autres poissons jusqu’à des âges géologiques ultérieurs, ils doivent avoir vécu en même temps. Les autres poissons avaient simplement plus de facilité à éviter les avalanches sous-marines que la lamproie.

Ces fossiles de poissons découverts en Chine confirment dès à présent que les poissons apparaissent de manière soudaine dans la colonne géologique avec tous les autres genres d’animaux. Selon la pensée évolutionniste, cela correspond à une apparition de 50 millions d’années plus précoce que ce que l’on pensait auparavant, ce qui complique la façon dont on peut envisager comment les différentes espèces d’animaux ont pu évoluer en si peu de temps.

Cependant, pour le créationniste, cette nouvelle découverte de fossiles ne pose aucun problème. Il s’agit simplement de quelques poissons peu rapides qui ont été enterrés dans ce qui est aujourd’hui la Chine. Ils n’ont pas été assez rapides pour échapper aux avalanches sous-marines survenues pendant le déluge de Noé, et ils en ont payé le prix.

Références et notes

  1. Woodmorappe, J., The fossil record: becoming more random all the time (Le registre fossile : de plus en plus aléatoire), Journal of Creation 14(1): 110–116, 2000, et Oard, M., How well do paleontologists know fossil distributions? (Les paléontologistes ont-ils une bonne connaissance de la répartition des fossiles?), Journal of Creation 14(1):7–8, 2000, rapporte un certain nombre de cas récents où des fossiles ont été retrouvés dans de nouvelles zones de la colonne géologique. Retour au texte.
  2. Le système Cambrien fait référence aux fossiles caractéristiques de certaines des couches parmi les plus basses en Grande-Bretagne. Le géologue anti-évolutionniste Adam Sedgwick fut le premier à explorer ces couches en 1831 au Pays de Galles, et il a utilisé le mot latin désignant le Pays de Galles pour nommer le système. Retour au texte.
  3. Toutes les dates évolutionnistes ont été tirées de : Gradstein, F. et Ogg, J., A Phanerozoic time scale (Frise chronologique du Phanérozoïque), Episodes 19(1&2):3–5 and chart(et diagramme), 1996. Retour au texte.
  4. Le système Silurien fait référence à des groupes de fossiles caractéristiques de certaines couches de roches du Sud du Pays de Galles, situées au-dessus des couches du Cambrien, mais en-dessous de la quasi-totalité des autres couches de Grande-Bretagne. Murchison fut le premier à explorer ces couches en 1835, et il leur a donné le nom d’une ancienne tribu britannique qui a habité cette région. Retour au texte.
  5. Miller, H., The Testimony of the Rocks (Le témoignage des roches), Thomas Constable & Company, Edinburgh, UK, pp 62–66, 1857. Retour au texte.
  6. Wells, H.G., Huxley, J. et Wells, G.P., The Science of Life (La science de la vie), The Amalgamated Press Ltd., London, UK, p. 466, 1931. Retour au texte.
  7. Lubenow, M.L., Significant fossil discoveries since 1959 : creationism confirmed (Découvertes marquantes de fossiles depuis 1959 : confirmation du créationisme), Creation Research Society Quarterly 17(3):148–160, 1980. Retour au texte.
  8. Stearn, C.W. et Carroll, R.L., Paleontology : The Record of Life (La paléontologie : l’histoire de la vie), John Wiley and Sons, New York, NY, USA, p. 184, 1989. Retour au texte.
  9. Shu, D., et al., Lower Cambrian vertebrates from south China (Vertébrés du cambrien inférieur dans le Sud de la Chine), Nature 402(6757), p. 42, 1999. Retour au texte.
  10. Référence 9, pp 42–46. Retour au texte.
  11. Janvier, P., Catching the first fish (À la pêche des premiers poissons), Nature 402(6757):21–22, 1999. Retour au texte.
  12. Référence 9, p. 45. Retour au texte.