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Notre cerveau : N’en utilisons-nous qu’une petite partie ?

par Carl Wieland
traduit par Sam et Denise Liberek

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Albert Einstein

Il y a une croyance très répandue qui dit que nous n’utiliserions que 10 ou 20% de notre cerveau. Cette « vérité » est attribuée à Albert Einstein, c’est un élément dont on se sert pour recruter dans la secte de « scientologie ». C’est aussi utilisé par les gourons de la pensée positive du nouvel âge.

La raison pour laquelle on y croit si facilement est certainement due au livre populaire de Dale Carnegie de 1936 « comment se faire des amis et influencer les gens », où l’on affirme que la plupart des êtres humains n’utilisent que 15% de leur cerveau - un« fait »probablement tiré de nulle part.1

Des avancées significatives ont récemment eu lieu dans les techniques de recherches sur le cerveau, y compris des scanners sophistiqués. Et pourtant nous ne savons pas encore grand chose sur la manière dont le cerveau fonctionne en général. Nous ignorons pratiquement tout sur la façon dont le cerveau traite l’information.

Nous savons que certaines activités trouvent leurs origines dans le cortex cérébral2, et qu’une certaine mémoire y est stockée. Mais nous ignorons où et comment c’est stocké, ni comment nous pouvons faire appel à notre mémoire ou, comment, par exemple, nous pouvons faire surgir de nouvelles idées. Le peu que nous connaissions, vient surtout des études que l’on a faites sur des personnes dont le cerveau avait été endommagé par des accidents, des attaques d’apoplexie, ou des tumeurs.

Il faut donc dire que cette croyance souvent répétée est tout simplement fausse. Car si cela avait été vrai, les choses qui endommagent le cerveau n’auraient pas des conséquences aussi drastiques sur notre capacité de penser, de parler ou de nous souvenir.3 Si vous le comparez à un ordinateur, le « hardware » est tout ce qu’ il y a, prêt à traiter des tâches complexes ou relativement faciles, qui varient de temps en temps. Aucun ordinateur n’utilise tout son circuit de traitement en une fois - dans notre cerveau, ce serait comme une crise majeure d’épilepsie.

Lorsque les chercheurs ont commencé dans les années 1960, à délimiter certaines parties du cerveau pour certaines fonctions, d’autres sont restées inconnues, ce qui a pût renforcer le mythe.

Mais dans les années 1920, on a expérimenté sur des souris, et on a vu que quelle que soit la partie du tissu cervical que l’on enlève, il y avait une perte de performance. On enseignait à des souris de simples tâches (comme passer dans un labyrinthe), on enlevait ensuite une partie du cortex cervical. Les résultats indiquaient que la mémoire était stockée dans tout le cortex et pas en un endroit bien particulier : le plus on prélevait du cortex, pire était la performance de la souris.

Albert Einstein croyait-il donc en ce mythe ? En fait il aurait pût se servir de cette phrase, d’une manière maligne, pour répondre à un journaliste qui lui demandait pourquoi il était plus intelligent que d’autres.1

Beaucoup de gens qui subissent un blocage du liquide cervical (hydrocephalus) d’où le cerveau est petit à petit compressé jusqu’à n’être qu’une fine lamelle, ont révélé avoir une intelligence normale ou supérieure. Une telle personne a obtenu un grade de première classe en mathématiques, malgré le fait que son cerveau avait été aminci de sa grosseur normale de 45 mm à une moyenne de 1 mm.4 Ceci prouve que le cerveau a une merveilleuse capacité pour compenser un tel problème neurologique qui handicape lentement.

Nos cerveaux ont été conçus avec une faculté de compensation étonnante. Après une attaque, certaines des fonctions perdues peuvent être reprises par d’autres parties non endommagées du cerveau. De même, une région du cerveau qui a à voir avec le contrôle de la main, s’amplifie, lorsque des gens, disons, apprennent la guitare. Lorsque quelqu’un devient aveugle, le sens du toucher est grandement augmenté pour compenser.

Pourquoi « la mutation par hasard », accouplée à une « sélection naturelle », devrait-elle favoriser le développement d’un plus fin toucher chez l’aveugle. La plupart du temps, l’aveuglement arrive après les années reproductrices, donc du point de vue Darwinien, une telle forme de compensation compatissante, utile seulement dans les cas de désastres majeurs, est difficile à expliquer. Cela a du sens dans un corps programmé par un Créateur intelligent qui fait face à un monde déchu.5 Notre cerveau est de loin la chose la plus complexe qui soit dans l’univers.

La prochaine fois que vous entendrez quelqu’un citer ce mythe populaire quant à n’utiliser que 10% (ou 20%) de notre cerveau, demandez leur comment ils le savent ? Comment cela a-t-il été calibré ou mesuré ? Cela ne l’a pas été, évidemment. Ce pourrait être un moyen utile pour les faire réfléchir à d’autres choses (comme l’évolution) qu’ils ont absorbé de la même manière comme étant « vérité ».

Références

  1. « Brain drain » (le cerveau drainé) New Scientist 16o, 19 décembre 1998 et janvier 1999. Retour au texte.
  2. La partie extérieure, sillonnée du cerveau que chacun reconnaît comme étant le cerveau. Retour au texte.
  3. Werner Gitt et Rolf Hӧneiser « gehirnforschung » n°10 Factum p.24, 12 décembre 1998. Retour au texte.
  4. Ref 1 p. 86. Retour au texte.
  5. Dieu a toujours su qu’il y aurait la chute, évidemment. Esaie 46.10 ; Apoc. 13.8. Retour au texte.

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