Explore
Also Available in:

L’évolution des oiseaux s’envole

Carl Wieland s’entretient avec le professeur David Menton, anatomiste [à la retraite depuis 2000], qui dévoile des révélations surprenantes sur cet « oiseau ancestral » controversé, l’archéoptéryx.

par Carl Wieland
traduit par Timothy Smith

Première publication en anglais: Creation 16(4): 16-19

Le Dr David Menton est professeur associé d’anatomie à l’Université médicale de Washington à St. Louis dans le Missouri, aux États-Unis. Dans un entretien avec lui, le Dr Carl Wieland nous fait découvrir d’étonnantes révélations sur cet oiseau ancestral controversé, l’archéoptéryx. [Voir un fossile de l’archéoptéryx]

CW : Dr Menton, est-il vrai que ces dernières années, vous vous êtes intéressé aux écailles, aux plumes et aux théories de l’évolution des oiseaux ?

DM : Oui. Il y a quelques années, j’ai ramassé une plume d’oiseau sauvage. Mon domaine de recherche concerne principalement la peau et comme nous le savons, les plumes poussent sur la peau. J’ai donc pensé qu’il serait pertinent de jeter un coup d’œil à cette plume au microscope électronique, ce qui a éveillé mon intérêt pour les plumes.

164pic2

Il est bien connu que les évolutionnistes maintiennent depuis longtemps que les plumes se sont développées à partir des écailles des reptiles, et donc qu’elles partagent fondamentalement la même structure — c’est-à-dire qu’elles sont très semblables.

Oui. C’est la raison pour laquelle je me suis attaché à les comparer moi-même. À ce moment-là, un des techniciens de notre laboratoire avait comme « animal de compagnie » un boa constricteur. J’ai donc regardé quelques-unes des écailles provenant de la mue de ce serpent. J’ai trouvé amusant le fait qu’elles n’avaient de toute évidence absolument aucune ressemblance avec les plumes. La seule similarité que j’aie trouvée est que toutes deux sont faites de kératine, comme les cheveux, les ongles ou encore notre peau. [Voir les photos ci-dessous.]

[Remarque de l’éditeur : Après la rédaction de cet article dans la revue Creation, nous nous sommes rendu compte que cette ressemblance n’était pas aussi complète que nous l’avions cru. La biochimie de ces protéines est différente, et les protéines des plumes ( Φ kératines) ne sont pas les mêmes que celles de la peau ni des écailles (α kératines). La conclusion donnée par Alan Brush, expert de l’évolution des plumes, est la suivante :

« Sur le plan morphologique, on considère traditionnellement les plumes comme analogues aux écailles reptiliennes. Cependant, quant au développement, à la morphogénèse, à la structure du gène, à la conformation de la protéine ainsi qu’à la formation et à la structure du filament, les plumes sont différentes. » [A.H. Brush, ‘On the origin of feathers’, Journal of Evolutionary Biology 9:131–142, 1996.]

Certains évolutionnistes soutiennent que la créature fossile qu’est l’archéoptéryx est le chaînon manquant entre les reptiles et les oiseaux.

En 1984 se tint à Eichstätt, en Allemagne, un important colloque de scientifiques experts de l’évolution des oiseaux, la Conférence internationale sur l’archéoptéryx. Ils furent en désaccord sur quasiment tous les sujets abordés concernant cette créature. Mais en général, ils s’accordaient sur le fait que l’archéoptéryx était un véritable oiseau. Seule une petite minorité estimait qu’il s’agissait en fait d’un des petits dinosaures coelurosauriens (petits dinosaures de charpente légère).

Qu’est-ce que cela veut dire ? Croyaient-ils vraiment que cet animal n’était pas une espèce de transition précédant les oiseaux ?

Eh bien, il est intéressant de constater qu’ils se virent dans l’obligation de faire la déclaration suivante : « Les participants à la conférence sont tombés d’accord sur le fait que l’évolution organique est un processus fondamental de la biologie, et nous reconnaissons l’importance de la contribution de l’archéoptéryx à cette question. » Ainsi, on constatera que les scientifiques étaient fort sensibles au fait que leurs débats pourraient pousser certains à se demander si, en fait, l’archéoptéryx avait un quelconque rapport avec l’évolution ; ils ont donc tous signé la déclaration. Si c’était véritablement un oiseau à part entière, alors il n’est pas, comme nous l’avons souvent entendu dire, ce mi-reptile, mi-oiseau situé quelque part entre les reptiles et les oiseaux.

Dr Menton, le premier numéro de notre revue contenait un article sur l’archéoptéryx, rédigé par mes soins. À ce moment-là, tout le monde dessinait le crâne de cet animal comme celui d’un reptile. Dois-je comprendre que cette idée a changé quelque peu ?

Oui. Il est possible que le problème ait été causé par un seul spécimen au crâne écrasé. Il est maintenant généralement admis que le cerveau est essentiellement celui d’un oiseau qui vole, avec un cervelet et un cortex visuel de grande taille.

En outre, chez la plupart des vertébrés, reptiles inclus, seule la mandibule (le maxillaire inférieur) est mobile, alors que chez les oiseaux (dont l’archéoptéryx), le maxillaire supérieur l’est aussi.

Certains évolutionnistes font remarquer que l’archéoptéryx a des caractéristiques qui se trouvent chez d’autres groupes d’animaux, comme chez les reptiles.

C’est vrai, mais c’est aussi le cas de presque tous les squelettes de vertébrés. Il y a aussi des ressemblances de structure entre les reptiles, les mammifères et les oiseaux vivants. Les oiseaux ont un squelette distinctif et spécialisé ainsi que l’a fait remarquer un évolutionniste distingué, également ornithologue : « Les oiseaux sont faits pour voler ». Il en est de même de l’archéoptéryx.

Les scientifiques mentionnent souvent le fait que l’archéoptéryx avait des dents.

L’archéoptéryx n’était pas le seul oiseau fossile à avoir des dents pour saisir les proies. Certains oiseaux fossilisés avaient des dents alors que d’autres n’en avaient pas. Mais comment les dents prouvent-elles la relation avec les reptiles, d’autant qu’il y a beaucoup de reptiles qui n’ont pas de dents ? Les crocodiles sont en réalité le seul groupe de reptiles qui aient des dents très bien développées. Et naturellement, certains mammifères ont des dents, et d’autres n’en ont pas.

Certains évolutionnistes ont prétendu en effet que l’archéoptéryx était simplement un dinosaure avec en plus des plumes. D’autres ont suggéré qu’il s’agissait simplement d’un canular, c’est-à-dire d’un fossile de dinosaure plus des empreintes de plumes de poulet.

Oui, c’est vrai, il y en a quelques-uns, comme par exemple Sir Fred Hoyle. Cette explication ne me convainc pas pour plusieurs raisons. Les plumes ne sont pas simplement attachées à la surface de la peau de l’oiseau : nous pouvons voir des bosses minuscules à l’endroit où les plumes sont attachées aux os par des ligaments. Chez l’archéoptéryx, les plumes des ailes primaires et secondaires sont attachées à la patte et au cubitus. Et les plumes de la queue sont, en réalité, attachées minutieusement à chacune des vingt vertèbres. Il y a aussi un grand nombre de petites plumes sur les pattes et sur le corps de cet oiseau, et nous avons des preuves évidentes que la tête en était aussi recouverte. Cependant, lorsqu’on voit des dessins de l’archéoptéryx ou de l’un de ses ancêtres imaginaires, les artistes le représentent assez souvent avec des écailles sur la tête.

Et que dire de l’os de vœu ?

La furcula (ou os de vœu) de l’archéoptéryx est très robuste. Des études récentes assez saisissantes effectuées à l’aide de rayons X sur des oiseaux en vol montrent que l’omoplate doit être flexible pour supporter les forces incroyables du mouvement puissant pendant le vol. En fait, on peut voir l’os de vœu fléchir à chaque battement d’aile.

Les pattes de l’archéoptéryx soutiennent-elles la thèse d’un dinosaure qui courait au sol ?

Non. L’archéoptéryx, de même que tous les oiseaux percheurs, a ce que l’on appelle une serre de prise, un ergot pointant vers l’arrière. On remarquera des serres orientées vers l’arrière chez certains dinosaures, mais certainement pas une serre avec des griffes recourbées pour pouvoir se percher.

Vos images ci-dessous, au microscope électronique (tous les deux agrandi 80 fois), montrent une différence énorme entre les plumes (à gauche) et les écailles (à droite). Mais leur développement est-il semblable ?

Feather—magnified 80 times
Scales—magnified 80 times
[Voyez le gros plan étonnant des barbules d’une plume, lequel montre de minuscules crochets et barbicelles (agrandi 20 000 fois ; utilisé avec la permission de David Menton).]

Leurs développements sont tout à fait différents. La différence la plus fondamentale est que la plume pousse à partir d’un follicule. Un follicule est une excroissance tubulaire de l’épiderme qui avance profondément dans la peau — et même jusqu’à l’os sous-jacent dans le cas des plumes primaires. Et cette partie tubulaire de peau vivante, ayant un rôle bien précis, produit la plume à partir d’une matrice de croissance qui se trouve au fond. L’écaille reptilienne n’a absolument rien à voir avec les follicules. Toutes les écailles peuvent tomber comme des feuilles, car elles se rabattent dans l’épiderme, comme les plis d’une couverture, alors que les plumes doivent sortir chacune de leur propre follicule.

« Les follicules » font penser aux « poils ».

En effet. La liste ci-dessous donne 18 ressemblances d’importance entre les plumes et les poils. Si les évolutionnistes voulaient vraiment prouver leur thèse, ils pourraient soutenir que les plumes se développent à partir des poils, ou vice-versa. Maintenant, bien sûr, cela ne peut aller de pair avec la croyance évolutionniste selon laquelle les mammifères et les oiseaux se sont développés indépendamment des reptiles. Par conséquent, peu de gens sont au courant qu’en fait, ce sont les poils, et non les écailles, qui ressemblent aux plumes.

Comment les évolutionnistes croient-ils que les oiseaux ont développé le vol ?

Il y a en réalité deux théories — dont ni l’une, ni l’autre ne peut être mise à l’épreuve, bien sûr. La théorie arboricole stipule que les oiseaux ont commencé dans les arbres pour voler vers le bas, et que les écailles se sont ainsi allongées de plus en plus pour favoriser le vol plané. La théorie de la course suppose que les oiseaux vivaient au départ sur le sol et qu’après des sauts vigoureux et d’autres manœuvres quelconques, ils se sont finalement débrouillés pour s’envoler.

Chaque parti est tout à fait certain, bien sûr, que l’autre parti a complètement tort. L’évolutionniste John Ostrom spécule que les plumes se sont développées à partir de grandes écailles sur les pattes antérieures des dinosaures et que ces longues plumes, au cours de leur évolution, étaient utilisées pour attraper des insectes ! Cependant, quoique les plumes soient remarquablement résistantes pour leur poids, je ne peux penser à une plus mauvaise utilisation que de les frapper l’une contre l’autre pour attraper des insectes ! Et puis, elles sont d’une structure incroyablement complexe pour n’être utilisées qu’à cette fin. En outre, elles produiraient un souffle qui emporterait l’insecte au loin. De toute façon, les oiseaux ne pourraient pas faire battre leurs ailes de manière à ce qu’elles se frappent vers l’avant, car ils n’ont tout simplement pas une épaule qui le leur permette.

Y a-t-il quelque preuve en faveur de l’une ou de l’autre théorie ?

Pas la moindre — et ceux qui soutiennent chacune de ces thèses le font bien remarquer. Il n’y a aucun exemple d’écaille « vivante » ou fossilisée qui ressemblerait – même de loin – à une plume. L’archéoptéryx a des plumes tout à fait identiques à celles de nos oiseaux modernes.

En résumé, quelle est votre opinion ?

La théorie de l’évolution du vol n’est pas tant une théorie à propos des oiseaux, qu’une « théorie pour les cervelles de moineau ».

Docteur Menton, je vous remercie.

Similitudes entre les poils et les plumes:

  1. Tous les deux poussent à partir de follicules qui sont des excroissances tubulaires de l’épiderme.
  2. Matrice de croissance spécialisée à la base du follicule qui est seule responsable de la croissance.
  3. La matrice de croissance du follicule est la seule partie permanente du follicule.
  4. Présence de papilles dermiques à la base des follicules.
  5. Il y a des foramens nutritifs à la base du follicule où les vaisseaux sanguins pénètrent pour servir à la nutrition.
  6. La surface de la tige est une structure dure kératinisée, tandis que le centre (la moelle) se compose de chambres vacuolaires.
  7. Les follicules et leurs tiges sont orientés selon des angles cruciaux, établis très tôt dans leur développement.
  8. La tige cylindrique, en poussant, glisse du follicule (qui est en forme de tube).
  9. Le follicule s’étend profondément dans l’hypoderme.
  10. Le follicule est associé aux nerfs sensitifs.
  11. Les muscles associés aux follicules permettent le mouvement et l’orientation de la tige.
  12. Les tiges varient à chaque étape du développement, montrant par exemple des structures et une coloration différentes aux stades néonatal, juvénile et adulte.
  13. Les tiges muent de manière saisonnière, produisant des changements de structure et de couleur.
  14. Le dimorphisme sexuel de la tige est sous contrôle endocrinien.
  15. Le cycle de croissance se compose d’une période de croissance et d’une période de repos.
  16. Le cycle de croissance peut être amorcé à tout moment en arrachant la tige du follicule.
  17. Dans le cycle de croissance, la vieille tige est éjectée par la croissance de la nouvelle.
  18. Fonction exocrine du follicule et de la tige.